Aliments transformés et cancer

Le développement exponentiel des cancers est lié de très près à l’alimentation et à la pollution alimentaire notamment. Beaucoup d’études scientifiques convergent dans ce sens et accusent l’alimentation industrielle et transformée, mais elles ne sont pas très médiatisées. L’accent est surtout mis sur les traitements. Or, ce qu’il faut savoir, c’est que le cancer est une maladie quasiment produite par l’époque : pollution, alimentation et stress. Faisons le point.

Le cancer, la maladie de l’époque

Le cancer n’est pas une maladie simple. On ne peut pas l’expliquer par un seul facteur, mais par plusieurs. Ces cofacteurs agissent ensemble et font en sorte que les cellules cancéreuses se développent et prennent une ampleur telle qu’elles l’emportent sur notre immunité. En réalité, le cancer est un phénomène qui survient tous les jours dans un organisme soumis à la pollution et aux divers perturbateurs endocriniens et addi­tifs alimentaires présents dans notre envi­ronnement quotidien. Il survient notam­ment parce que le système immunitaire est dépassé et ne parvient plus à faire son tra­vail. En effet le système immunitaire pré­voit des soldats dont le rôle est précisément de détruire les cellules cancéreuses. On parle de gènes suppresseurs de tumeurs. Quand un cancer se déclare, c’est que ces gènes n’ont pas pu jouer le rôle qui leur a été assigné. Autrement dit, les facteurs d’environnement ont étaient trop puis­sants, ils ont emporté la bataille. Le cancer est une maladie auto-immune, elle se dé­clare à l’intérieur, ce n’est pas un microbe ou un virus qui vient nous attaquer. Dans certains cas de figure, certains microbes fra­gilisent le corps et donc rendent l’immunité plus vulnérable, notamment face au cancer.

L’alimentation est peut-être la clé…

L’alimentation est peut-être la clé, en tout cas une des clés majeures pour expliquer le développement exponentiel du can­cer. Durant les dernières décennies, les habitudes alimentaires se sont modifiées dans le sens d’une augmentation de la consommation d’aliments ultra-transfor­més qui contribuent aujourd’hui à plus de la moitié des apports énergétiques dans de nombreux pays occidentaux. Ils se caractérisent souvent par une qualité nutritionnelle plus faible, mais aussi par la présence d’additifs alimentaires, de composés néoformés et de composés provenant des emballages et autres ma­tériaux de contact. Des études récentes ont montré des associations entre la consommation d’aliments ultra-transfor­més et un risque accru de dyslipidémies, de surpoids, d’obésité et d’hypertension artérielle. Toutefois, aucune étude n’a porté sur le risque de cancer, alors que des expérimentations chez l’animal suggèrent de potentiels effets cancérogènes de plu­sieurs composants habituellement pré­sents dans les aliments ultra-transformés.

Une nouvelle étude confirme le lien entre consommation d’aliments ultra-transformés et risque de cancer

Une nouvelle étude associant des cher­cheurs de l’Inserm, de l’Inra et de l’Uni­versité Paris 13 (Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris Cité, équipe EREN) confirme une association entre la consommation d’ali­ments ultra-transformés et le sur-risque de développer un cancer. Au total, 104 980 participants de la cohorte française Nutri­Net-Santé ont été inclus. Au cours du suivi (8 ans), 2 228 cas de cancers ont été diagnostiqués et validés. Une augmenta­tion de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimen­taire s’est révélée être associée à une aug­mentation de plus de 10% des risques de développer un cancer au global et un can­cer du sein en particulier. Parmi les diffé­rentes hypothèses qui pourraient expli­quer ces résultats, la moins bonne qualité nutritionnelle globale des aliments ultra-transformés ne serait pas la seule impli­quée, suggérant des mécanismes mettant en jeu d’autres composés (additifs, subs­tances formés lors des process industriels, matériaux au contact des aliments, etc.). Ces résultats doivent donc être considérés comme une première piste d’investigation dans ce domaine et doivent être confirmés dans d’autres populations d’étude. Cette étude est publiée le 15 février 2018 dans le British Médical Journal.

Tout commence par la réforme alimentaire…

Tout commence par la réforme alimentaire, il n’est jamais inutile de le répéter. L’alimentation est la médecine naturelle la plus ancienne, la plus naturelle et probablement la plus efficace, car elle est préventive. On n’attend pas que le mal se déclare pour se soigner. Malheureusement, aujourd’hui, la tendance est vers les traitements chimiques face aux grandes maladies de l’époque, comme le cancer. La prévention n’est pas suffisamment médiatisée, pourtant, elle peut jouer un rôle clé pour diminuer la prévalence, non seulement des cancers, mais de la plupart des maladies de l’époque. Ces maladies auto-immunes, comme le diabète, mais aussi dégénératives (arthrose en tête) sont toutes probablement le fruit de ces cofacteurs de l’époque qui se réunissent pour détruire la capacité naturelle d’auto-guérison du corps humain. Notre corps est certainement la machine la plus sophistiquée qui soit sur la planète Terre. Il suffit de bien la comprendre pour lui donner les moyens de fonctionner de façon optimale.

Les fruits à coque diminuent le risque du cancer du côlon

Parmi les cancers qui touchent à la fois les hommes et les femmes, le cancer colorectal est le troisième plus fréquent dans le monde. Une autre étude prospective publiée le 28 février 2018 au Journal of Clinical Oncology, est la première à étudier la corrélation entre la consommation de fruits à coque, la fréquence des cancers colorectaux et la rémission. Elle a permis de découvrir que les personnes souffrant d’un cancer du côlon qui consommaient des fruits à coque comme les amandes connaissaient une baisse significative de récidive et des risques de décès.

Cette étude a porté sur 826 patients at­teints d’un cancer du côlon de stade III participant à un essai clinique randomisé financé par le National Cancer Institute américain. Les patients ont fourni des informations sur leur alimentation dans le cadre de questionnaires sur la fréquence de consommation des aliments. Après un suivi médian de 6,5 ans, les patients qui avaient déclaré avoir consommé au moins 56 g de fruits à coque par semaine ont enregistré une augmentation de 42 % des chances de rémission sans récidive et une amélioration de 57 % de la rémission globale par rapport à ceux qui n’avaient pas mangé de fruits à coque. Ces associations ont semblé être indépendantes d’autres in­dicateurs relatifs au sort des patients, au ré­gime alimentaire et au mode de vie et l’effet de la consommation totale de fruits à coque s’est maintenu pour tous les autres facteurs de risque de récidive. C’est donc claire­ment une confirmation du rôle du régime alimentaire (et du mode de vie) en tant que facteurs de risque modifiables pour les patients atteints de cancer du côlon.