Bordeaux met le vin bio à l’honneur

Bordeaux met le vin bio à l’honneur

Du 23 au 26 juin se tiendra la dixième édition de Bordeaux fête le vin. Près de 700 000 visiteurs sont attendus pendant ces quatre jours de fête, basés sur la découverte et la dégustation de ce qui fait la réputation de la région. Et petite particularité cette année : l’événement fait la part belle aux vins issus de l’agriculture biologique. Christophe Chateau, le commissaire général nous en dit plus.

Bordeaux fête le vin, qu’est-ce que c’est ?

 C’est un événement qui a lieu tous les deux ans et a été lancé en 1998, à l’initiative de la Mairie de Bordeaux. L’idée est vraiment de faire découvrir et déguster les vins de Bordeaux au public, grâce à un pass dégustation, et de mettre en avant une ville invitée d’honneur. A la différence d’un salon du vin plus classique, on n’est pas là pour acheter mais bien pour goûter. L’école du vin est d’ailleurs au centre de la fête pour expliquer les bases de l’œnologie.

Cette année s’annonce particulière…

En effet, nous célébrerons le dixième anniversaire de l’événement et mettrons pour l’occasion dix villes à l’honneur. La cité du vin ouvrira également ses portes le 31 mai prochain, un grand projet qui est en chantier depuis six ans. Cela devrait faire venir plus de monde encore. Enfin, l’événement aura lieu pendant l’Euro de football et la ville de Bordeaux accueillera une fan zone. Nous attendons donc 700 000 visiteurs cette année, soit 100 000 de plus que l’an dernier.

Qu’en sera-t-il des vins issus de l’agriculture biologique ?

On est sollicité depuis plusieurs années par les producteurs de vin bio qui souhaitaient avoir un pavillon uniquement dédié à cette production. Seulement, ces vins bio font partis des appellations de Bordeaux elles-mêmes et sont répartis sur les différents pavillons en fonction de leurs groupes organiques. Le public peut donc déguster des vins issus de l’agriculture biologique depuis plusieurs années. Mais pour cette édition, nous avons choisi de le mettre en avant, le temps d’une journée.

En quoi va consister cette journée ?

Nous mettrons le vin bio à l’honneur dans un tout nouveau lieu à Bordeaux : le Darwin. Il se trouve sur la rive droite et regroupe de jeunes entreprises. Il est également réputé pour sa boutique et son restaurant proposants des produits biologiques. L’endroit nous semblait donc idéal.

Le programme n’est pas tout à fait arrêté mais nous savons d’ores et déjà qu’il y aura deux concerts de l’Orchestre national de Bordeaux Aquitaine et qu’à l’issus de ces concerts, le Syndicat des vins bio d’Aquitaine proposera des dégustations.

Alors vont-ils disparaître des stands de leur appellation ?

Surtout pas ! Les vins bio étaient présents sur le stand de leur appellation et le resteront. Ainsi pendant toute la durée de l’événement, il sera possible de déguster du Saint-Emilion bio sur le stand Saint-Emilion par exemple.

Quelle est, selon vous, la place du vin bio aujourd’hui à Bordeaux ?

Il représente 6 % de la production du vignoble bordelais. On a constaté une phase de progression à la fin des années 2000, mais depuis quelques temps, la production bio se stabilise.

Le vin bio est-il selon vous bien connu du public ou fait-il encore les frais de sa réputation ?

Bio ou pas bio, aujourd’hui il n’y a plus de place pour les mauvais vins. Mais c’est vrai que le vin bio reste encore assez méconnu du public et doit toujours se battre contre certains stéréotypes. Cette journée est aussi faites pour cela.

300 000 hectolitres

C’est la production annuelle de vin bio à Bordeaux. La production totale de vin représente entre 5 et 5 millions d’hectolitres chaque année.

Des bouchons pour la bonne cause

Cette année, Bordeaux fête le vin s’engage à récupérer tous les bouchons en lièges et les reverser à une association de lutte contre le cancer.

 Avez-vous toujours travaillé en agriculture biologique ?

Lorsqu’on a repris la propriété familiale en 1984, on a appris à travailler avec la famille, nous étions la cinquième génération de la propriété. On a toujours labouré nos vignes sans jamais utiliser de désherbant chimique. En 2001, on a rencontré un vigneron qui nous a parlé de l’agriculture biologique, c’est comme cela qu’on a fait la conversion. En 2003 nous sortions notre premier millésime labélisé bio.

Quelles sont les principales différences entre votre production bio et une production conventionnelle ?

L’approche elle même est différente. En agriculture bio, il faut aller beaucoup plus vers la plante. Il faut l’accompagner, sans jamais la porter. Alors on observe beaucoup et en fonction de cette observation, on intervient. On travaille uniquement en préventif, pour rendre la plante autonome. On fait donc régulièrement des analyses, notamment au niveau du sol, pour voir s’il peut y avoir des carences par exemple.

Comment se passent les contrôles pour avoir le label Agriculture biologique ?

On est contrôlé chaque année par l’organisme certificateur. Il s’agit d’un contrôle français mais qui a une valeur européenne depuis 2012. On est contrôlé au niveau de la vigne elle même, c’est elle qui doit être homologuée. En plus de cela, il peut aussi y avoir des contrôles inopinés de feuilles, de grappes et du sol, pour s’assurer qu’il n’y ait pas eu d’utilisation de produits chimiques. Lorsqu’on traite le vin avec du cuivre et du souffre, il faut également veiller à ne pas dépasser les doses et tenir rigoureusement une traçabilité de nos traitements. C’est plus rigoureux que sur une production conventionnelle.

Une journée sera réservée aux vignerons bio pendant Bordeaux fête le vin, c’est une victoire pour vous ?

On souhaité que l’interprofession mette en avant les vins biologiques, car c’est un label et un critère de qualité. Cette journée est un premier pas pour la connaissance du vin biologique. On va y présenter les vins médaillés, expliquer et renseigner les gens. Les mentalités sont en train de changer au niveau du vin bio, on a longtemps entendu que c’était un vin moins bon, ce préjugé s’efface progressivement. Le vin, bio ou non, doit être bon, c’est indéniable, et en agriculture biologique comme ailleurs, certains manque de savoir-faire mais il ne faut pas remettre ça sur le dos du bio.