Pleins feux sur la luminothérapie

Pleins feux sur la luminothérapie

Se soigner par la lumière naturelle, l’idée remonte à la fin du XIXe siècle. Ce n’est pourtant que depuis deux petites décennies que l’univers de la psychiatrie a commencé à se pencher sérieusement sur la luminothérapie, ainsi que son efficacité dans le traitement de troubles dépressifs a dû attendre 2005 pour être officiellement reconnue.

Indispensable à la vie, la lumière naturelle du soleil en améliore également la qualité. Un manque d’exposition au rayonnement solaire se traduit par des dérèglements au niveau de l’horloge interne, du sommeil et de l’humeur. Après des années de recherche, des médecins ont développé des techniques consistant à imiter les effets des rayons solaires sur notre organisme et notre mental. Regroupées sous le terme luminothérapie, elles offrent une alternative intéressante aux médicaments habituellement utilisés pour traiter certains troubles psychiatriques, physiques et les baisses de moral.

La luminothérapie : la lumière contre le blues

La luminothérapie est l’une des branches de la photothérapie, celle-ci regroupant toutes les méthodes de traitement par diverses sources lumineuses

Concrètement, le fait d’exposer un patient à une source lumineuse ayant des propriétés similaires à celles de la lumière du soleil permet d’agir au niveau de la sécrétion de mélatonine. Il s’agit de l’hormone du sommeil, une substance fabriquée par l’épiphyse, ou glande pinéale, se trouvant dans le cerveau, lorsque la lumière naturelle vient à manquer. Elle est obtenue par transformation de la sérotonine durant le jour.

Les personnes sujettes aux troubles dépressifs présentent un taux de mélatonine anormalement élevé pendant la journée, d’où une fatigue importante et un moral en berne.

En comblant les manques de lumière solaire, la luminothérapie inhibe la production de mélatonine, et cela a des répercussions positives sur l’endormissement, la qualité du sommeil, celle du réveil, la stabilisation de l’horloge biologique, l’humeur générale, voire même les troubles du comportement alimentaire (boulimie, anorexie…) et la dépendance à l’alcool.

Les séances de luminothérapie sont plutôt courtes. Les sessions durent en effet entre vingt et trente minutes au maximum, et sont encore moins longues lorsqu’il s’agit de soigner les patients les plus jeunes (une quinzaine de minutes environ). Ce sont des rendez-vous quotidiens qui se tiennent généralement le matin, car c’est le moment de la journée où le traitement donne les meilleurs résultats. Pendant ces séances, la personne à traiter est exposée à de la lumière proche de celle produite par le soleil. C’est plus précisément sa rétine qui est soumise à cette source lumineuse qui ne se différencie de l’éclairage solaire que par l’absence d’ultraviolets et d’infrarouges, ennemis de la peau et de la cornée. La technologie la plus souvent employée est la lampe au mercure, les autres techniques n’ayant pas encore formellement prouvé leur efficacité et leur caractère inoffensif. La lampe émet un spectre lumineux large de couleur blanche, et la dose habituellement conseillée est de l’ordre de 10 000 lux (l’unité de mesure de l’éclairement).

Que peut-on soigner grâce à la luminothérapie ?

La luminothérapie offre la possibilité de traiter divers types d’états dépressifs.

Concernant les troubles affectifs saisonniers, mieux connus sous l’expression « blues hivernal », ils sont déclenchés par un manque d’exposition à la lumière naturelle du soleil durant la période de l’année ou le soleil est moins généreux en éclairement. Cela correspond à l’intervalle de temps compris entre le début de l’automne et la fin de l’hiver, et se manifeste par une énergie nettement réduite, un moral au plus bas et un attrait accru pour les mets sucrés.

Son champ d’action s’étend également au sommeil. En agissant au niveau de l’horloge interne, elle remet de l’ordre dans cette dernière et atténue les troubles chez les personnes ayant du mal à s’endormir avant le soir, celles qui ne peuvent dormir qu’à des heures excessivement tardives et celles qui ne peuvent bénéficier d’un sommeil de qualité.

En réglant les rythmes chrono-biologiques, la luminothérapie aide aussi à mieux supporter les décalages horaires consécutifs aux longs voyages, à gérer les perturbations apparaissant pendant la période prémenstruelle (irritabilité, insomnies, prise de poids…), à combattre la boulimie (en réduisant les envies de sucre) et l’anorexie. En outre, elle peut constituer un soutien précieux pour les anciens alcooliques entreprenant un sevrage.

Luminothérapie contre la dépression saisonnière : ils témoignent

Puisque le soleil a cette fâcheuse manie de jouer à cache-cache en cette période de l’année, nous sommes tous plus ou moins concernés par le manque de lumière et l’impact que ce déficit a sur notre moral. Certaines personnes en souffrent bien plus que d’autres, et ont alors recours à la luminothérapie pour se sentir mieux, dormir plus paisiblement ou y puiser de l’énergie. Cinq de nos lecteurs ont choisi de partager leur expérience et de nous parler de l’effet de la luminothérapie sur eux.

Laurence : « le réveil est nettement moins brutal »

« J’ai commandé sur Internet un réveil qui simule l’aube. Il me réveille chaque matin en diffusant une lumière qui ressemble à la lumière naturelle. Cela commence une demi-heure avant le réveil effectif programmé.

Du coup, le réveil est beaucoup moins brutal. Il est encore plus agréable lorsque l’on active les sons de la nature qui vont avec : chants d’oiseaux… Sinon, on peut simplement programmer sa radio. »

Aurélien : «  j’ai beaucoup moins de difficultés à me lever »

« Je ne sais pas si je souffre vraiment de dépression saisonnière, je n’ai jamais consulté de médecin dans ce sens à vrai dire, mais j’éprouve réellement de grosses difficultés à me réveiller et à me mettre en route le matin.

J’ai énormément de mal à me tirer du lit pour me rendre à mon travail, et lorsque je rejoins mon bureau, il me faut pas mal de temps pour démarrer vraiment.

Une amie m’a conseillé d’acheter un simulateur d’aube. Il s’agit d’un appareil qui se déclenche à heure précise, et dont la luminosité augmente de manière progressive.

Cela fait maintenant près d’un an que je l’utilise, et j’ai beaucoup moins de difficultés à me lever grâce à ce système. Bien-sûr, si je me suis couché tard la veille, le manque de sommeil n’en est pas du tout compensé. Pour que ça marche vraiment, il faut avoir dormi suffisamment d’heures. »

Dominique : « L’association des deux, antidépresseur et luminothérapie, me semble nécessaire »

« Sujette à des périodes de forte dépression, mon médecin m’a recommandé la luminothérapie. Ceci dit, je dois continuer à prendre mon antidépresseur, Moclamine, car la luminothérapie ne suffit pas à régler mon problème de dépression.

L’association des deux, antidépresseur et luminothérapie, me semble nécessaire. Je ne veux me passer ni de l’un, ni de l’autre.

En plus de la dépression saisonnière, je pense au fond que je souffre d’une autre forme de dépression, voilà pourquoi la luminothérapie sans le médicament ne donne pas de résultat chez moi. »

Sarah : « je ressens un certain bien-être pendant la journée grâce aux luminettes »

« Voilà un an que j’utilise des luminettes. Ce sont des lunettes qui surplombent les yeux, mais qui ne les recouvrent pas. Elles produisent un faisceau lumineux directement au niveau des yeux, sans les gêner toutefois.

On m’a expliqué que cette lumière était faite pour atteindre la partie inférieure de la rétine.

Depuis que j’ai ces luminettes, je les mets tous les jours pratiquement, et systématiquement quand le soleil n’est pas vraiment au rendez-vous. Maintenant, je dors nettement mieux et je ressens un certain bien-être pendant la journée.

Le modèle que je possède m’a tout de même coûté cher : 350 €. Mais vu le bien que cela me fait, je dis que le prix en vaut largement la chandelle. Et là, puisque c’est l’automne, je vais les utiliser encore plus souvent pour prévenir les petites dépressions saisonnières. »

Delphine : « la luminothérapie m’a apporté énormément en termes de bonne humeur et d’énergie positive »

« J’ai essayé la luminothérapie et cela m’a apporté énormément en termes de bonne humeur et d’énergie positive.

En général, je m’expose à la lumière de l’appareil pendant environ une quinzaine de minutes tous les soirs, avant de m’endormir. Ainsi, les angoisses qui me tiraillaient régulièrement avant le coucher ont fini par disparaître au bout de quelques séances.

Je m’endors plus calme, plus sereine qu’avant. J’ai acheté mon appareil un peu plus de 100€. Quand la lumière naturelle vient à manquer, en particulier en automne et en hiver, la luminothérapie me permet de combler ce manque. Mon humeur générale s’est améliorée. Mes amis et mes collègues l’ont eux aussi remarqué. »