Le système immunitaire le deuxième cerveau

Le système immunitaire le deuxième cerveau

On se fait une égratignure avec le couteau de cuisine, le sang coule un peu, puis ça s’arrête. Un processus extraordinairement complexe et cohérent se met en place et la blessure guérit d’elle-même en un temps record. On y prête peu d’attention, on n’est même pas conscient de ce qui se passe à l’intérieur de son propre corps. Le système immunitaire travaille de façon indépendante de notre mental conscient et il fait preuve d’une organisation et d’une cohérence des plus sophistiquées. C’est une machine à la pointe de la technologie et qu’aucune autre machine de création humaine n’a pu égaler. Zoom sur ce deuxième cerveau qui travaille en silence dans vos veines et dans votre lymphe.

Comment fonctionne notre cerveau ?

Le propre du cerveau c’est de prendre des décisions cohérentes et convergeant vers un objectif particulier. Mais alors que le cerveau travaille sur une quantité limitée d’informations, le système immunitaire lui, travaille sur pratiquement la totalité de l’information nécessaire à coordonner une action, une attaque particulière. Explication : le cerveau recueille l’information provenant du monde extérieur, il la classe ensuite dans des catégories homogènes pré existantes, pour en tirer certaines conclusions. Lesquelles conclusions seront la base des décisions à prendre.

Typiquement : « Il y a des nuages dans le ciel ce matin », alors « il va faire froid », alors « je dois prendre une veste ». Dans ce processus conscient, le cerveau n’a pas accès à la totalité de l’information venue du monde extérieure pour la simple raison qu’il ne peut tout appréhender en même temps. Les animaux peuvent par exemple ressentir des vibrations ou des odeurs qui les renseignent sur le temps qu’il va faire, et pas nous. Ceci de 1. De 2, le cerveau ne peut utiliser telles qu’elles les informations qu’il accueille, il ne peut travailler qu’avec les catégories pré existantes dont il dispose. Autrement dit, il travaille avec des catégories de « temps donnés ; froid, chaud, moyen » pré existants et non modifiables ou très peu. Principe d’économie cognitive. Du coup, il est obligé de déformer les informations reçues pour les faire entrer dans le moule de ses catégories. Il en sort des conclusions très réductrices d’abord par rapport à la quantité même de l’information traitée, ensuite par rapport à la qualité de leur traitement. En réalité aucune objectivité n’est suivie dans le processus mental, mais une déformation systématique de ce qui est.

Notre système immunitaire, un deuxième cerveau ?

On dit de lui que c’est un deuxième cerveau tellement les décisions qu’il prend, de façon complètement autonome et indépendante de votre volonté de MOI pensant, sont pertinentes et cohérentes. Une stratégie claire et fine est suivie dans chaque cas d’attaque extérieure, exemple : des bactéries malveillantes, ou intérieure, exemple : des cellules cancéreuses qui commencent à s’accumuler quelque part.

Le système immunitaire est de loin plus performant que le cerveau, dans la mesure où il ne suit pas le raisonnement logico-rationnel et conscient de ce dernier. On le sait aujourd’hui grâce au progrès technologique permettant d’observer in situ le déplacement et le comportement des molécules. Le système immunitaire a accès à la quasi totalité de l’information détenue par les cellules partout dans le corps. Il y a accès en temps réel, et il prépare ses stratégies d’attaque en tenant compte d’un nombre incalculable de paramètres.

Un macrophage (cellule du système immunitaire) qui se dirige vers une cellule cancéreuse pour la neutraliser ne se comporte pas au gré du hasard. Une minuterie précise a été suivie d’abord pour fabriquer ce macrophage destiné à une tâche donnée. Une sorte de plaque d’identité chimique lui est accrochée alors. Il se dirige ensuite, comme dans une troupe de commando, vers sa cible pour secréter un agent anticancéreux donné. Il est aussi doté de techniques et d’outils de communication avec d’autres cellules tueuses naturelles, afin de coordonner leurs actions et parler…même à distance.

Les chercheurs voient la complexité du processus mais ne savent toujours pas tous les paramètres que le cerveau immunitaire prend en considération. La série d’actions enchevêtrées à prendre partout dans le corps. Le système immunitaire est l’incarnation chimique de l’intelligence globale qui inonde le corps. Une intelligence qui fonctionne de manière holistique et non linéaire comme le cerveau ou le mental et qui est bien plus performante.

Nous sous-estimons le pouvoir de guérison naturelle de notre corps, et nos comportements bloquent cette intelligence naturelle.

Comment je peux aider ma défense immunitaire ?

Avant de répondre à cette question il faudrait penser à ne pas bloquer ou saboter l’intelligence innée qui pilote votre corps en permanence, sans que vous en preniez conscience. De nombreux comportements et facteurs freinent le système immunitaire, principalement le stress. Si vous subissez du stress, si vous acceptez de laisser votre corps en proie au stress, alors votre système immunitaire est complètement désemparé. Désorienté. Il peut même se mettre à faire des folies, c’est-à-dire que vous allez développer des maladies auto-immunes. Diabète ou cancer traduisent en réalité un dérèglement du fonctionnement normal de l’immunité.

Des aliments particuliers ou des substances dans l’environnement perturbent considérablement le système immunitaire. Limitez-les à défaut de les supprimer complètement. Limitez les aliments industriels et dénaturés, limitez votre consommation de produits cosmétiques industriels ou de gadgets peu utiles pour la maison mais bourrés de perturbateurs endocriniens. Préférez les objets et les produits sobres et écologiques.

Aider votre système immunitaire est beaucoup plus simple que vous ne le pensez. Il ne vous demande que de laisser travailler. Reposez-vous donc dès que votre corps vous le recommande. La fatigue traduit une demande du corps, il a besoin de limiter la dépense énergétique pour se consacrer à une tâche interne. Vous ne savez évidemment pas de quoi il s’agit, vous recevez juste le signal de la fatigue, répondez donc positivement. Reposez-vous.

Et comme voltaire, soyez heureux parce que c’est bon pour la santé.

L’ordre est partout, les bactéries collaborent aussi

Tout observateur attentif de la nature constate que l’ordre est partout, une certaine intelligence invisible tient les fils de tout. Des chercheurs de l’Inra, en collaboration avec un laboratoire chinois, ont décrit pour la première fois un remarquable exemple de différenciation cellulaire chez la bactérie entomopathogène (le Bacillus thuringiensis, Bt). La souche qui vient d’être caractérisée a la propriété de se différencier en deux populations : l’une produisant des spores et l’autre le cristal insecticide associé à la spore. Seules les bactéries sporulantes survivront, l’autre moitié de la population étant condamnée à mourir après avoir produit l’inclusion cristalline. Ce comportement altruiste permet un partage du travail qui confère un avantage sélectif à ces bactéries. Etude publiée dans la revue ISME, Journal du 1er août 2014.