Alcoolisme : le baclofène et ses effets indésirables

Alcoolisme : le baclofène et ses effets indésirables

L’alcool coûte chaque année 120 milliards d’euros en France, un montant qui prend en compte, le coût des vies perdues, des pertes de production, de la qualité de vie mais aussi du montant des dépenses publiques de soins, de prévention et de répression…

Dépendance, dites-vous ?

Un Français sur sept flirterait avec la ligne rouge de la dépendance à l’alcool. Les gens ne décident pas de changer leur raison de boire ni d’augmenter leur consommation d’alcool du jour au lendemain, ils glissent progressivement d’une consommation sociale normale à la zone presque alcoolique. Pourtant, 14% des Français sont à un risque de consommations excessives, quand il y a une perte de contrôle survenu de dommages et de répétitions de comportement, on est dans une forme de la maladie même si elle est modérée. Boire seul ou avoir de petits incidents liés à l’alcool doit mettre la puce à l’oreille. C’est alors le bon moment de réduire sa consommation sans nécessairement passer par la case abstinence pour éviter de sombrer dans l’indépendance. L’image d’Epinal du grand alcoolique empêche de prendre conscience que l’on est parfois déjà dans une zone de consommation à risque. Et l’auto-évaluation est difficile même si on s’aperçoit qu’on n’arrive pas à garder le contrôle. Il y a une zone grise entre le plaisir et l’indépendance, les addictologues tirent un signal d’alarme sur le fait qu’un changement de mentalité est nécessaire. Il faut donc arrêter de séparer le monde entre les alcooliques d’un côté et ceux qui ne le sont pas de l’autre. Le glissement de la consommation contrôlée à la dépendance se fait insidieusement, c’est une erreur de considérer comme de la consommation contrôlée ce qui est déjà de la dépendance.

Le Baclofène, la solution-miracle ?

Soigner l’alcoolisme, guérir purement et simplement l‘indépendance par un médicament, cela semble aujourd’hui possible. Le baclofène est le nom de cette pilule miracle qui aurait pour vertus d’atténuer l’envie de boire et même de la faire totalement disparaître. Une découverte inopinée qui a pris de court le monde médical, dans plusieurs pays le Baclofène fait débat. Prudentes, les agences sanitaires n’autorisent pas encore sa prescription aux personnes dépendantes à l’alcool. Pourtant, il y a urgence en France l’alcool tue plus de 100 personnes par jour. Quelle est l’efficacité réelle du baclofène ? Est-il un espoir pour les 140 millions de personnes à travers le monde ? Peut-on guérir l’alcoolisme comme n’importe quelle maladie organique ? Le baclofène est loin d’être un nouveau venu sur le marché pharmaceutique, il existe depuis cinquante ans, or il n’a pas été créé pour soigner l’alcoolisme mais la sclérose en plaques, dont il soulage les contractions musculaires. Mais son histoire prend un tour singulier dans un petit laboratoire de Sardaigne, dans les années 90, le professeur Lanka Colombo étudie l’efficacité d’un médicament contre l’addiction dont le composé chimique est le proche du baclofène, il lui paraît alors intéressant de comparer l’effet des deux molécules.

La face cachée du baclofène

Les effets indésirables du baclofène sont mineurs, mais ils peuvent prendre une forme un peu grave quand les patients ne prennent pas régulièrement leur traitement. Par exemple, un patient part en vacances il oublie de prendre son traitement, une fois qu’il rentre chez lui, il décide de rattraper tout le retard en prenant par exemple 6 à 7 comprimés par jour, et cela est absolument dramatique. Les patients développeront donc des troubles de la conscience, des effets psychomoteurs assez terribles, des vertiges et des chutes. Ces prises excessives de baclofène sont bénignes puisqu’au bout de quelques heures tout revient à la normale. Mais quand un patient prend très irrégulièrement son traitement c’est une cause de son échec. Beaucoup d’échecs du traitement par le baclofène sont liés au fait que les prescripteurs ne savent pas très bien prescrire. D’autre part, il y a une catégorie de patients qui sont intolérables au baclofène, puisqu’il leur donne des effets indésirables qui ne sont pas graves mais extrêmement difficiles à supporter, tels que des vomissements, des diarrhées et d’incontinences urinaires. Le baclofène provoque chez certains patients des manifestations psychosensorielles terribles, des hallucinations, des états de rêve et d’autres sensations hors du commun.Le baclofène fait beaucoup parler de lui et n’a pas encore fini de le faire, puisqu’il peut à lui seul mettre fin à l’une des plus grandes dépendances et la cause de la perte de plusieurs vies.