La dépression suite à une rupture amoureuse

La dépression suite à une rupture amoureuse

« Nous ne sommes jamais aussi mal protégés contre souffrance que lorsque nous aimons » Sigmund Freud
Tomber amoureux c’est être dans l’attente de l’autre. Quand cette dépendance est profonde et quand nos attentes sont trop importantes au point d’idéaliser l’autre et la relation loin de la réalité, à l’annonce d’une rupture, on vit une perte réelle : c’est le chagrin d’amour.

De la rupture à la dépression

Tristesse profonde, sentiment de vide, angoisse, incapacité à se motiver et à éprouver du plaisir  etc. : ce sont les manifestations bien connues de la dépression, qui survient suite à une expérience d’échec, de perte ou d’abandon vécue comme une blessure narcissique profonde, c’est-à-dire que notre estime de nous-mêmes chute, entrainant une dépréciation qui va s’installer dans le temps. Lors d’une rupture amoureuse douloureuse, la tristesse peut déboucher sur une réelle souffrance. Mais comment expliquer cela ?

Quand on aime, c’est ce qu’on n’a pas qu’on recherche et qu’on aime chez l’autre, car tout être est incomplet et c’est ce manque qui se comble dans l’état amoureux c’est pour cela que les amoureux vivent cette fusion : l’autre est ce qu’il y a de plus beau à leurs yeux et ils s’effacent leurs défauts mutuellement. Cependant lorsque nos manques révèlent une certaine fragilité narcissique (manque d’estime de soi) antérieure qui prend racine le plus souvent dans l’enfance, notre manière d’investir l’autre est excessive, car notre relation à celui-ci devient l’unique moyen d’avoir une image positive de soi et parfois on en arrive même à s’effacer pour en être aimer. Ainsi, lorsqu’une rupture advient, c’est comme si on volait en éclats : il nous semble qu’il n’y a plus rien à quoi se raccrocher, on perd pied et on tombe en dépression. Dans les formes les plus graves de cette souffrance, une réelle dépersonnalisation (ne plus savoir qui on est) peut alors apparaître.

Le psychanalyste Didier LAURU nous dit à ce sujet dans son article « Fragment d’un déchirement amoureux » : « Plus un sujet fonde un certain nombre d’espérances dans une relation amoureuse, plus dur risque d’être la chute » et c’est à la première expérience de rupture et d’abandon vécue par l’enfant (d’avec la mère) qu’on est renvoyé lors de cette chute. Cette ancienne douleur alors non expliquée à l’enfant et terrée dans son inconscient est ravivée en nous, adulte, et c’est tout un travail psychique qui doit être effectué pour se rétablir.

Sur le chemin de la coalescence

Face à la dépression amoureuse, il n’y a pas d’autre moyen que d’accepter son chagrin et le vide ressenti, donnant ainsi le temps nécessaire à notre corps et à notre esprit de faire « son deuil », deuil d’espérances souvent démesurées. Peu à peu, nos blessures narcissiques vont se refermer et notre lucidité ainsi que notre sentiment d’unité reprendre possession de nous. Nos erreurs et les imperfections de celui qu’on aimait vont être accessibles à notre analyse. C’est alors qu’on parvient à se redéfinir sans passer par le regard de l’autre sur soi. Cependant, il est recommandé de ne pas traverser cette épreuve seul : les proches et les amis, parfois même l’aide d’un professionnel peuvent nous être d’un grand secours.
Enfin, « chacun dans un registre essentiellement imaginaire met l’autre du rapport amoureux à une place d’idéal et de supposé savoir… sur son amour » disait Didier LAURU. Nul n’est donc à l’abri de la déception. Heureusement, il est possible de s’en remettre, pour cela il faut être conscient des enjeux imaginaires et fantasmatiques qui opéraient dans notre relation à l’autre avant la rupture et la dépression est parfois nécessaire à l’atteinte de cette compréhension.