Cancer de la prostate, plus fréquent chez les obèses

Cancer de la prostate, plus fréquent chez les obèses

Le cancer de la prostate reste à ce jour un enjeu majeur de santé publique puisqu’il se classe à la première place en termes d’incidence pour les cancers chez l’Homme et obtient la troisième place en termes de mortalité.

Une dissimulation à craindre

Dans le cas où le cancer reste localisé à l’intérieur de la prostate, il ne présente alors qu’une évolution relativement lente et il reste guérissable par chirurgie, hormonothérapie ou encore radiothérapie. Le problème intervient plus lorsque ce cancer passe d’un stade dit local à un stade localement avancé dans lequel il va quitter la prostate pour envahir les tissus environnants et à partir de là il devient beaucoup plus agressif et beaucoup plus dur à traiter. Jusqu’à maintenant, on ne connaissait que peu les mécanismes à l’origine de cette dissimulation et c’est pourquoi plusieurs études traitent l’interaction entre le cancer de la prostate et son microenvironnement. Le microenvironnement est l’ensemble des cellules saines qui entourent la tumeur et qui vont interagir avec elles. Dans les cas de cancer de la prostate, la glande prostatique est majoritairement entourée par des dépôts adipeux périprostatiques. Il faut savoir que les adipocytes qui sont les composantes majoritaires de ce tissu adipeux ne servent pas uniquement à arrêter les lipides mais ils sont aussi capables de sécréter un très grand nombre de facteurs solubles qui vont bien entendus interagir avec les cellules environnantes.

Un probable lien avec l’obésité

Par ailleurs, dans le cas du cancer de la prostate il est connu que l’invasion du tissu adipeux périprostatique par les cellules tumorales, est un facteur de mauvais pronostic clinique. Donc au vu de toutes ces données et par analogie avec ce que l’on a pu voir avec le cancer du sein, à savoir que les adipocytes favorisent la progression du cancer du sein, les chercheurs ont décidé d’étudier l’interaction qui existe entre le cancer de la prostate d’une part et le tissu adipeux périprostatique d’autre part. De nombreuses études ont été faites également sur l’effet de l’obésité sur la prostate, puisque bien entendu lorsque l’on pense au tissu adipeux on pense tout naturellement à l’obésité. Mais dans le cas précis du cancer de la prostate l’obésité est un facteur de risque important, non pas que les patients obèses développent plus de cancers de la prostate que les autres, mais les cancers qu’ils développent sont plus agressifs et prompts à la dissimulation.

Une voie à l’avenir

In vitro on a pu voir que les adipocytes obèses et les sécrétions de ces adipocytes sont capables d’induire une chimio attraction plus forte des cellules tumorales prostatiques et que lorsqu’on inhibe la CCR3 dans ce contexte on reverse totalement l’effet d’invasion induit par les secrétions d’adipocytes dans le contexte de l’obésité. Les chercheurs ont pu confirmer ces résultats en utilisant des modèles murins puisque lorsque l’on injecte ce tumoral à un modèle murin obèse et bien on peut observer une augmentation significative de la croissance tumorale. Mais lorsque l’on invalide le récepteur CCR3 dans la même cellule tumorale on va donc totalement inversé cet effet d’obésité sur la croissance tumorale. Un axe pourrait être à l’avenir utilisé comme une potentielle cible thérapeutique et on pourrait imaginer d’utiliser des inhibiteurs de CCR3 afin de limiter la dissimulation du cancer de la prostate et de maintenir surtout ce cancer à un stade local, en particulier chez les patients obèses. Ce qui permettra une meilleure prise en charge du patient et d’apporter de nouvelles options thérapeutiques. Concrètement, plusieurs études ont permis de mettre en évidence ce nouvel axe expliquant la dissimulation locale du cancer de la prostate vers le tissu adipeux.